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Le planeur n'a pas de moteur, il n'a donc pas de moyen de fournir de l'énergie pour se maintenir en l'air. Etant plus lourd que l'air, sa descente vers le sol est inexorable. Mais alors...



Comment un planeur tient-il en l'air ?


Chassons d'abord une idée reçue...

Le vent est un phénomène atmosphérique qui se manifeste par des mouvements horizontaux. Ces mouvements de l'air, le planeur ne les perçoit pas car il se déplace avec, comme un bateau sur le courant d'une rivière. Par exemple, lorsqu'il vole face au vent, le planeur a une vitesse par rapport au sol inférieure à sa vitesse air, affichée sur son indicateur de vitesse. Mais cela ne lui permet ni de monter, ni de descendre.

Mais alors qu'est-ce qui fait monter les planeurs si ce n'est pas le vent ?


Les ascendances thermiques


Raisonnons de manière très simplifiée...

Le planeur, engin sans moteur, descend inexorablement, plus ou moins lentement selon ses performances. Sa vitesse de descente, appelée taux de chute dépend de la vitesse à laquelle il vole, qui elle-même dépend de l'angle de piqué.

Lorsqu'un champ, un village, une carrière est chauffé par le soleil, la chaleur emmagasinée est en partie renvoyée dans l'atmosphère via les couches d'air proches du sol. Ces couches d'air, si elles sont suffisamment chauffées vont s'élever (l'air chaud étant plus léger que l'air frais) et former des ascendances.
Ces ascendances qui sont d'un diamètre de l'ordre de quelques dizaines de mètres pourront être utilisées par les planeurs si elles sont assez puissantes, c'est à dire si leur vitesse de montée est supérieure à la vitesse de descente (ou taux de chute) du planeur.
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Le planeur reste alors au voisinage de la zone la plus ascendante en "spiralant", c'est à dire en tournant dans le coeur de l'ascendance.

Lorsque l'air ascendant arrive dans une tranche d'altitude tellement humide que l'eau contenue dans l'air se condense, des nuages se forment. Ces nuages matérialisent les sommets des ascendances et permettent au pilote de les repérer. Mais il arrive que l'air soit trop sec pour former des nuages. Dans ce cas, la recherche d'ascendances est plus difficile et se fait à l'aide d'indices au sol (en cherchant les zones susceptibles de déclencher les ascendances comme les villages, les forts contrastes, les carrières...).

L'altitude du sommet des ascendances, appelée "plafond" varie selon les journées entre 500m (pour les journées peu exploitables) et 3000m (pour les journées exceptionnelles).

 

Ainsi, une belle journée de vol à voile n'est pas une journée venteuse, ni une journée "estivale" sans nuages.  C'est une journée où le ciel est parsemé de petits nuages de beau temps appelés cumulus. vol3

Comment se déroule le vol en thermique ?

Une fois que le pilote a repris de l'altitude dans l'ascendance, il plane vers une nouvelle ascendance qu'il a repérée dans la direction vers laquelle il se dirige. Ainsi, il peut parcourir de grandes distances en planant d'ascendance en ascendance ! 
Lors de belles journées, il arrive fréquemment d'effectuer des circuits de 300 à 1000km !

Et si il n'y a plus d'ascendances ?

Dans le cas où il se fait tard et l'échauffement diminue, ou si la couverture nuageuse augmente par l'arrivée d'un voile ou le "soudage" des nuages entre eux, les ascendances perdent en force, voire même s'éteignent. Dans ce cas, le planeur ne peut plus remonter.

Si c'est un pilote débutant, peu expérimenté, il est resté en "local", c'est à dire que les performances du planeur lui permettent de rentrer à l'aérodrome en toute sécurité en plané. Il va alors se poser en se laissant descendre doucement vers le terrain.

S'il s'agit d'un pilote plus expérimenté qui a choisi de "partir sur la campagne", c'est à dire de s'éloigner du terrain pour effectuer un vol de distance, il se peut qu'il n'aie pas la possibilité de rentrer en plané. 


vol4 Dans ce cas, il doit anticiper et prévoir un atterrissage "aux vaches", dans un champ. Il effectue la même approche qu'au-dessus de la piste, mais au-dessus d'un champ qu'il aura préalablement choisi selon des critères précis. Une fois posé, il ne lui reste plus qu'à téléphoner au club pour que l'on vienne le chercher avec la remorque du planeur. 

Le planeur est alors démonté et rangé dans sa remorque, et sera remonté le lendemain pour de nouvelles aventures !
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Dévachage d'un planeur avec une remorque


La coupe des vaches

Au sein du club, nous organisons chaque année un classement des vaches qui vise à récompenser les pilotes auxquels la chance n'a pas souri, qui ont été trop audacieux ou trop confiants dans la météo.


LE VOL D'ONDE

 

L'onde est certainement la plus fabuleuse des manières de prendre de l'altitude. Elle se produit dans deux cas :


*Lorsqu'un relief est positionné sous un certain angle par rapport au vent et provoque une ondulation du mouvement de l'air. 

*Lorsque les vents ont une direction différente en fonction de l'altitude, le vent aux plus hautes altitudes va onduler sous l'effet du vent des altitudes inférieures qui forme comme un "relief". 
Dans les deux cas, le mouvement ondulatoire de l'air crée des zones ascendantes et descendantes non dépendantes du système thermique.

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Le vol d'onde consiste en l'utilisation de ces ondulations pour atteindre des altitudes très élevées. En montant d'abord dans la zone turbulente, au vent des "rotors" , le planeur atteint la zone d'écoulement laminaire. 
Les zones de ressaut montantes sont fixes par rapport au sol. Il suffit au pilote de prendre un repère au sol et de conserver cette position en effectuant des "huit" ou simplement en se positionnant face au vent, à la même vitesse que celui-ci.
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Lorsque l'on atteint la zone d'écoulement laminaire, l'air devient calme et la montée est régulière et parfois très puissante. Les vitesses verticales peuvent atteindre 12m/s et l'on peut monter jusqu'à plus de 15000m ! 


Les lenticulaires

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Souvent, les ressauts sont matérialisés par des nuages très particuliers, qui gardent une position fixe par rapport au sol. Ces nuages appelés altocumulus lenticulaires peuvent même se regrouper en "piles d'assiettes".


Leur forme est façonnée par l'onde et ils sont un bon moyen de détecter la présence du phénomène ondulatoire.

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De l'onde à Angers

A Angers, on recontre l'onde assez régulièrement et elle est exploitée quasiment chaque année. En 2003, lors d'une journée exceptionnelle, une dizaine de pilotes ont pu monter jusqu'à 3400m. 
En 2006, l'onde a permis de transformer une journée de vol difficile en moments magiques au dessus des nuages. Quelques photos :

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LE VOL DE PENTE


 

vol16 S'ajoute à ces manières de prendre de l'altitude le vol de pente, qui consiste à profiter du vent défléchi vers le haut par une ligne de relief. Le planeur effectue des aller-retours au vent de la pente afin de monter jusqu'à quelques mètres au-dessus de la crête, où il exploitera un éventuel thermique formé là, ou bien s'en ira jusqu'à la prochaine pente. vol17


Le vol de pente se rencontre principalement en montagne, les alpes du sud étant le lieu privilégié pour ce type de vol étant donné l'exposition des versants au vents dominants. 

Les ascendances de pente ne sont pas, contrairement aux thermiques, soumises à l'ensoleillement et durent donc tant que le vent reste positionné face au relief. Ce type de vol permet de réaliser de très longs vols et c'est dans les alpilles qu'ont été réalisés les plus longs vols en planeur : plus de 2 jours entiers en vol ! De tels records sont évidemment impossibles aujourd'hui, les planeurs n'étant pas autorisés à voler la nuit.

On rencontre aussi des situations de vol de pente dans des endroits inattendus comme le long d'une falaise sur le littoral. Des vélivoles exploitent parfois ce phénomène sur les côtes.